Va au diable Gérard Depardieu !

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Depuis que Gérard Depardieu a décidé de quitter la France pour le petit village d’Estaimpuis en Belgique afin d’échapper à l’impôt, chacun y va de son commentaire sur cet immense acteur qui a décidé de tourner le dos à l’Hexagone. Dur évidemment de ne pas prendre partie dans cette histoire tant il est difficile de reconnaître le fantastique interprète de Cyrano dans cette ridicule fuite en avant individualiste. A y regarder de plus près pourtant Gérard a toujours été coutumier de ces prises de position tout azimut aussi fanfaronnantes que calculées.

Une gueule tellement grande qu’il ne pense qu’à la sienne

Gérard Depardieu quitte la France pour la Belgique, évasion fiscale

Gérard Depardieu a décidé de tout envoyer baller, même sa dignité

Que dire de la volonté de Depardieu de quitter le pays pour ne pas y payer ses impôts ? On reste pantois devant tant de poujadisme, d’égoïsme et de manque de reconnaissance. En d’autres temps ou en d’autres lieux, il serait lynché pour son manque de patriotisme et d’altruisme, mais il est de bon ton aujourd’hui de cracher sur la France. Jugée à longueur de médias trop archaïque et non compétitive, voilà qu’il faudrait maintenant la priver de ses ressources. Comme si cela allait aider ! Mais Gérard est bien loin de ces considérations…

On ne va pas pleurer le temps des procès en patriotisme et des exécutions en place de Grève, mais gageons qu’il est regrettable que le sens de l’honneur, de la patrie ou de la dignité soient des valeurs devenus désuètes aujourd’hui. Elles ont été remplacées par un culte de l’individualisme et une vision court-termiste avec aucun sens de la dette à l’État, comme nous le montre l’acteur Français aujourd’hui. Qui peut raisonnablement croire aujourd’hui que Gérard Depardieu ne doit rien à la France ?

Ce qu’il y a d’étonnant c’est qu’une personne d’une aussi grande qualité que Depardieu, puisse être imbu de lui même au point de penser en son for intérieur qu’il vaut vraiment ce qu’il gagne, et qu’il ne doit rien à personne.

Libération Casse toi riche con, Bernard Arnault

Libé avait donné le ton du débat sur l'exil fiscal au mois de Septembre avec sa une sur Bernard Arnault

Gérard Depardieu n’a-t-il pas bénéficié au début de sa carrière du statut d’inter-mitant du spectacle si avantageux pour les acteurs aux gros cachets ? Ou bien du système du cinéma Français qui reste l’un des plus favorable du monde ? Combien de films dans lesquels il s’est mis en valeur n’ont pas eu de subvention du CNC, des régions ou de l’État ? Gérard a oublié d’où il vient et préfère penser qu’il s’est fait tout seul ! Et il trouve plus glorieux de cracher dans la soupe et de partir vivre en Belgique à cinq-cent mètres de la frontière Française pour échapper à l’impôt.

A mesure qu’il enchainait les grands rôles, et qu’il devenait l’un des plus grands acteurs Français de tous les temps, Gérard Depardieu a rejoint le grand monde et a pris l’habitude d’user de tous les passe-droits susceptibles de protéger son pré-carré. Comme par exemple quand il fait pression via son ami Arnaud Lagardère pour faire interdire une biographie non autorisée  (le livre Gérard Depardieu, itinéraire d’un ogre de Patrick Rigoulet).

« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » (Edgar Faure)

Durant la campagne 2012, au meeting de Nicolas Sarkozy, Gérard Depardieu a prononcé un discours sans demi mesure pour soutenir son champion. Il déclarait:

« Depuis que ce nouvel ami qu’est Nicolas Sarkozy […] est au pouvoir, je n’entends que du mal de cet homme, qui ne fait que du bien »

Gérard Depardieu avec Fidel Castro en 1996

Les amis de Gérard n'ont pas toujours été de droite, ici en 1996 en compagnie de Fidel Castro. "Fidel Castro, c’est cinquante ans d’intelligence politique" dira plus tard l'acteur

On ne sera donc pas surpris de le voir prendre la tête de la lutte contre le trop d’impôt et s’arc-bouter contre le gouvernement mis en place par François Hollande récemment élu. Pourtant, son engagement à droite n’a pas toujours été une évidence, pour quelqu’un qui – au prétexte d’indépendance – n’ a jamais rien tant aimé que de retourner sa veste.

A part le Front National il a soutenu successivement à peu près toutes les formations politiques du pays. Socialistes dans les années 80, où il s’engage même dans un comité de soutien à François Mitterrand en 1988, communistes au début des années 90 – où il crache au bassinet pour sauver le PCF – il enchaine avec une pige pour soutenir un Vert aux municipales, avant de se rallier finalement à Sarkozy à parti de 2007. (Source Huffington Post).

Une propension à manger à tous les râteliers qui l’a conduit jusqu’à la cour de Islom Karimov le président-dictateur de l’Ouzbékistan. Pays où après avoir chanté en duo avec la fille du chef d’état, il va jouer dans une série réalisée par elle… Qu’on se le dise, Gérard est un humaniste !

Le « SCUD » de Philippe Torreton

C’est finalement Philippe Torreton qui résume le mieux la situation dans une lettre adressée à Gérard Depardieu publiée par Libération, et dans laquelle il « démolit » méthodiquement son camarade de cinéma.

Philippe Torreton dégomme Gérard DepardieuAlors Gérard t’as les boules ?

Tu ne veux plus être français…? Tu quittes le navire France en pleine tempête ? Tu vends tes biens et tu pars avec ton magot dans un pays voisin aux cieux plus cléments pour les riches comme toi ? Evidemment, on cogne sur toi plus aisément que sur Bernard Arnault ou les héritiers Peugeot… C’est normal, tu es un comédien, et un comédien même riche comme toi pèse moins lourd ! Avec toi, on peut rattraper le silence gêné dont on a fait preuve pour les autres… C’est la nature de cette gauche un peu emmerdée d’être de gauche.

Mais Gérard, tu pensais qu’on allait approuver ? Tu t’attendais à quoi ? Une médaille ? Un césar d’honneur remis par Bercy ? Tu pensais que des pétitions de soutien de Français au RSA allaient fleurir un peu partout sur la Toile ? Que des associations caritatives allaient décrocher leur abbé Pierre, leur Coluche encadrés pour mettre ta tronche sous le plexi ? Le Premier ministre juge ton comportement minable, mais toi, tu le juges comment ? Héroïque ? Civique ? Citoyen ? Altruiste ? Dis-nous, on aimerait savoir…

Le Gérard «national», le rebelle de Châteauroux, le celui qui, s’il n’avait pas rencontré le cinéma, serait en taule à l’heure qu’il est comme tu le disais, le poète de l’écran la rose à la main quand ça devait faire bien d’en avoir une, qui nous sort un «c’est celui qui le dit qui y est»… Tu prends la mouche pour un petit mot et tu en appelles au respect, comme le fayot dans la cour de récré… Tu en appelles à tes gentils potes de droite pour que le grand méchant de gauche arrête de t’embêter… Tu voudrais avoir l’exil fiscal peinard, qu’on te laisse avoir le beurre et l’argent du beurre et le cul de la crémière qui tient le cinéma français… Tu voudrais qu’on te laisse t’empiffrer tranquille avec ton pinard, tes poulets, tes conserves, tes cars-loges, tes cantines, tes restos, tes bars, etc.

Et nous faire croire en tournant avec Delépine qu’un cœur social vibre encore derrière les excès et les turpitudes de l’homme… Nous faire avaler à coups de «han» de porteur d’eau que tu sèmes dans tes répliques trop longues, que l’homme poète, l’homme blessé, l’artiste est encore là en dépit des apparences… Le problème, Gérard, c’est que tes sorties de route vont toujours dans le même fossé : celui du «je pense qu’à ma gueule», celui du fric, des copains dictateurs, du pet foireux et de la miction aérienne, celui des saillies ultralibérales…

Tout le monde ne peut pas avoir l’auréole d’un Rimbaud qui, malgré ses trafics d’armes, fut et restera un poète… à jamais. Toi, tu resteras comme un type qui a fait une belle opération financière sur le cinéma français, un coup de Bourse, une OPA… Tu as transformé tes interprétations les plus réussies en stratégie de défiscalisation. Il doit y en avoir un florilège de répliques que tu as jouées et qui résonnent bizarrement maintenant !

Des répliques de poète, d’homme au grand cœur, d’yeux grands ouverts sur la misère du monde, orphelines de pensée et violées par leur interprète, parce que l’homme a les rognons couverts, mais l’acteur a fait faillite… L’homme est devenu riche mais sa fortune lui a pété à la gueule. Tu sais, ces gros pets foireux dont tu te vantes et que tu lâches sur les tournages en répondant à tes 12 téléphones au lieu de bosser ?

Tu votes pour qui tu veux, et tu fais ce que tu veux d’ailleurs, mais ferme-la, prends ton oseille et tire-toi, ne demande pas le respect, pas toi ! Sors de scène, Montfleury, «ce silène si ventru que son doigt n’atteint pas son nombril !» Et puisqu’on est dans Cyrano, te rappelles-tu de cette réplique, mon collègue, qu’il adressait à De Guiche sauvant sa peau au combat en s’étant débarrassé de son écharpe blanche ? Il demande à Cyrano ce qu’il pense de sa ruse et ce dernier lui répond… «On n’abdique pas l’honneur d’être une cible.» Tu t’en souviens ? Tu devrais… En ce temps-là, tu apprenais ton texte…

On va se démerder sans toi pour faire de ce pays un territoire où l’on peut encore, malgré la crise, se soigner correctement, où l’on peut accéder à la culture quelle que soit sa fortune, où l’on peut faire des films et monter des spectacles grâce à des subventions obtenues en prélevant l’impôt… Un pays que tu quittes au moment où l’on a besoin de toutes les forces, en plein siège d’Arras, sous les yeux des cadets médusés… Adieu.

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Citation de Alexandre von Humbolt

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Alexandre von Humbolt, naturaliste, géographe et explorateur allemand

« D’abord, ils nieront la chose. Ensuite, ils la minimiseront. Enfin, ils diront que cela se savait depuis longtemps.« 

Alexandre von Humbolt, naturaliste, géographe et explorateur Allemand, (1769-1859)

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Citation de Françoise Dolto

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Francoise Dolto, psychanalyste

« Dieu n’est jamais autant Dieu que lorsqu’il me manque.« 

Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste Française, (1908-1988)

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Tommie Smith et John Carlos lèvent le poing aux JO de Mexico

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La Liberté guidant le peuple, images historiques, mémoire collectiveCes images qui ont fait l’Histoire…

Chaque semaine, une image ou une photo qui a marqué notre mémoire collective. L’occasion de revenir sur les évènements majeurs et les « images d’Épinal » qui ont façonné notre souvenir du passé.

17 Octobre 1968: Tommie Smith vainqueur la veille du 200 m olympique (avec un nouveau record du monde à la clé) se voit remettre sa médaille en compagnie de son compatriote John Carlos. Les deux athlètes Américains montent sur le podium en chaussettes noires montantes et lève un poing ganté de noir, tête baissée pendant l’hymne américain The Star-Spangled Banner, pour protester contre les discriminations dont étaient victimes les Noirs aux États-Unis d’Amérique.

Très symbolique, ce geste est souvent associé au Black Panther Party (bien que Tommie Smith n’en ait jamais fait partie). En revanche il se revendiqua de l’Olympic Project for Human Rights, groupe qui proposait un boycott des Jeux olympiques par les athlètes afro-américains tant que leurs droits civils ne seraient pas respectés.

Le président du CIO, Avery Brundage, déclare qu’une protestation concernant la politique intérieure d’un pays n’a pas sa place au sein d’un évènement apolitique tels que le sont les Jeux olympiques. En réponse à leur action, il ordonne que Smith et Carlos soient suspendus de l’équipe américaine et bannis du village olympique. Les deux athlètes seront suspendus puis exclus à vie des Jeux Olympiques.

Tommie Smith lève le poing aux JO de Mexico

Tommie Smith et John Carlos lèvent leurs poings gantés de noir pendant l'hymne Américain lors de la remise des médailles aux JO de Mexico

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L’impayable charisme de Barack Obama suffira-t-il à le faire réélire ? (2/2)

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Dans quelques jours nous connaitrons le nom du prochain président des États-Unis. Barack Obama, malgré des talents d’orateurs toujours aussi saisissants, peine à soulever le même enthousiasme qui lui avait assuré le triomphe en 2008, accablé qu’il est par son maigre bilan. De son coté Mitt Romney a du user de tout le « pragmatisme » qu’on lui attribue pour renier une partie de ses idées mises en œuvre comme gouverneur du Massachusetts et ainsi séduire l’aile droite du parti Républicain… C’est entre ces deux personnalités que les Américains devront choisir mardi prochain, avec un mécanisme d’élection toujours aussi archaïque et inéquitable.

Cette article est la suite de celui publié la semaine dernière sur la personnalité de Barack Obama.

3 – Le grand écart de Mitt Romney

Romney est né d’une riche famille d’hommes d’affaires du Michigan où il passe son enfance plutôt dorée. Après avoir été plusieurs fois gouverneur du Michigan son père a été candidat sans succès à la primaire républicaine de 1968. A 19 ans Mitt Romney part passer 2 ans et demi en France en tant que missionnaire mormon. A son retour, après avoir obtenu un MBA et un diplôme de droit à Harvard il se lance dans le conseil en stratégie d’entreprise. Brillant et ambitieux, après des succès prometteurs chez Bain & Co, il fonde la société d’investissement Bain Capital qui est par la suite un immense succès. Réputé pragmatique – pour ne pas dire sans état d’âme – le golden boy devient alors un richissime homme d’affaire.

Mitt Romney candidat 2012

Mitt Romney le gestionnaire efficace

Après un premier échec à devenir gouverneur du Massachusetts face au démocrate Ted Kennedy en 1994, Romney  reprend en main avec succès la gestion du comité d’organisation de JO d’hiver de Salt Lake City, alors en proie à de grandes difficultés financières. Cela relance sa carrière politique et lui permet d’être élu gouverneur du Massachusetts en 2002.

Aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui, au regard de sa campagne des primaires républicaines très droitière, il passe alors pour un modéré. Bien que se prononçant à titre personnel contre l’avortement, il déclare par exemple qu’il n’est pas question pour lui de remettre en cause ce droit. Sa grande œuvre en tant que gouverneur est d’avoir mis en place le premier système de soins de santé universelle des États-Unis dans le Massachusetts. Son système offre une couverture quasi-universelle aux résidents de l’État sans coûter plus cher au contribuable. Il gagne ainsi l’image d’un réformateur pragma­tique. L’ironie de l’histoire est que Barack Obama appellera à ses cotés, au début de son mandat de président, les mêmes conseillers que Romney pour ses tentatives de réforme de la santé au plan national, mais sans parvenir à faire passer son projet initial (voir à ce sujet la première partie de cet article).

L’adoption de ce système de santé au Massachusetts est le plus gros succès de Romney en politique. Mais Mitt le pragmatique a su complétement l’occulter cette année pour remporter les primaires républicaines. Le parti ayant tout fait pour faire capoter le projet d’Obama au plan fédéral ne pouvaient décemment pas choisir un candidat pro système de protection universelle.

C’est l’une des multiples contradictions de Mitt Romney: ses admirateurs verront en lui un pragmatique efficace, ses détracteurs diront qu’il est sans idéologie et qu’il se considère comme un produit qui doit s’adapter aux acheteurs potentiels…

4 – Une élection profondément inégalitaire

Les candidats des grands partis Américains se verront départagés au terme de l’élection présidentielle qui se déroulera mardi 6 Novembre. Ce mécanisme d’élection, hérité de l’époque des pères fondateurs, ne cessera jamais de nous étonner de l’autre coté de l’Atlantique.

Comme le résume Rue89 les électeurs Américains votent pour leur candidat préféré mais ils ne l’élisent pas directement. Il y a bien inscrit « Obama » ou « Romney » sur leur bulletin de vote, mais ces voix servent à désigner un certains nombre d’hommes de paille par état (appelés « grands électeurs ») qui à leur tour voteront pour le futur président. La plupart des états ont choisis de donner tous leurs grands électeurs au candidat arrivé en tête des suffrages (« the winner takes all »), seuls le Maine et le Nebraska répartissent leurs grands électeurs à la proportionnelle. Ce système de grands électeurs garantie un « effet de levier » qui change les règles du jeu de l’élection: si vous avez voté Républicain dans un état à 60% démocrate, votre voix ne « pèse » rien dans le vote final des grands électeurs (sauf si vous habitez dans le Nebraska ou le Maine).

Le nombre de grands électeurs attribué à chaque état résulte aussi d’une combinaison de facteurs plus au moins opaques (surface, population, importance historique… ), qui sont assez inéquitables. Par exemple :

  • avec 37,2 millions d’habitants, le plus grand Etat, la Californie, désigne 55 grands électeurs, soit un pour 676 000 habitants
  • avec 530 000 habitants, le plus petit Etat, le Wyoming, a droit à 3 grands électeurs, soit un pour 176 000 personnes

Qui imaginerait qu’un électeurs de Bretagne puisse mettre 4 bulletins dans l’urne quand un autre de Bourgogne ne puisse en mettre qu’un seul ?

Mad Money: TV ads in the 2012 presidential campaign

Carte des dépenses publicitaires par comté établie par le Washinton Post

Enfin, ce système de grands électeurs donne le pouvoir de désignation des présidents à une minorité d’états tangents. En effet, qu’un état soit historiquement acquis à l’un ou l’autre des partis et il n’a plus aucun intérêt pour le candidats. Gagner avec 55% ou 75% des suffrages procure le même résultat. La campagne se concentre donc sur une petite dizaine d’états susceptibles de basculer d’un coté ou de l’autre (swing states). Les candidats se déplacent donc et donnent meeting quasi exclusivement dans ces états clés, où sont aussi concentrés tous les spots publicitaires. Comme le montre cette carte des dépenses publicitaires par comté établie par le Washinton Post, quand on a dépensé 1810$ pour deux malheureux spots à Sioux Falls dans le Dakota du Sud, on a dépensé 47 millions de $ pour près de 50 000 spots à Denver (Colorado)… Pas fous les électeurs qui ont plusieurs lieux de résidence, comme c’est le cas de nombreux étudiants, choisissent de s’inscrire sur les liste électorales de l’état dans lequel leur voix « pèsera le plus… »

Ce système archaïque permet parfois d’arriver à des aberrations: un candidat peut remporter le vote populaire en obtenant au plan national une majorité de voix, mais ne pas être élus par les grands électeurs. Ce fut le cas de Al Gore en 2000 candidat malheureux face à George W. Bush.

La dernière perversion en date de ce système électoral est l’autorisation en 2010 des super PAC par la Cour Suprême. Ces comités d’action politique, qui ont pour but d’aider ou au contraire de gêner un candidat ou un élu, ont désormais un plafond de don illimité. Ils permettent de financer, indépendamment des candidats et avec des fonds quasi-illimités, des campagnes de dénigrement à très grande échelle. La démocratie Américaine ne sort pas grandie de cette dernière innovation…

Alors qui de Barack Obama le charismatique, ou de Mitt Romney le pragmatique remportera la mise ? Réponse mercredi matin pour un résultat définitif sous le coup des 4 heures du matin.

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L’impayable charisme de Barack Obama suffira-t-il à le faire réélire ? (1/2)

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Dans quelques jours nous connaitrons le nom du prochain président des États-Unis. Barack Obama, malgré des talents d’orateurs toujours aussi saisissants, peine à soulever le même enthousiasme qui lui avait assuré le triomphe en 2008, accablé qu’il est par son maigre bilan. De son coté Mitt Romney a du user de tout le « pragmatisme » qu’on lui attribue pour renier une partie de ses idées mises en œuvre comme gouverneur du Massachusetts et ainsi séduire l’aile droite du parti Républicain… C’est entre ces deux personnalités que les Américains devront choisir mardi prochain, avec un mécanisme d’élection toujours aussi archaïque et inéquitable.

1 – Le retour sur Terre difficile de Barack Obama

Ce que Obama traine comme un boulet pour cette élection 2012 c’est son maigre bilan. Il avait tant promis en 2008, déclenchant un enthousiasme sans précédent lors de son avènement à la Maison Blanche, qu’il est évidemment difficile aujourd’hui de faire face à tous ses engagements. Certes « Ben Laden est mort et General Motors est vivant » comme le dit avec malice son vice président Joe Biden pour mieux résumer l’action intérieur et extérieur du premier président afro-américain de l’Histoire ; mais il y a tant de promesses non tenues ou en grande partie dénaturées que Barack Obama a perdu une bonne part de sa « magie » en quatre ans.

Barack Obama en campagne 2012

Barack Obama fait toujours le spectacle quatre ans après

Obama avait promis une politique différente, basée sur le compromis multi-partite dans l’intérêt de la nation… Il devait mettre au pas le monde de la finance – à qui l’on devait la crise des subprimes – à travers une nouvelle règlementation ambitieuse… Il devait fermer Guantánamo… Il devait mettre en place un système de santé pour tous… Il devait en finir avec les opérations secrètes en territoire étranger… Au lieu de tout cela il a subit de plein fouet l’opposition systématique des Républicains ne lui permettant de faire qu’une réforme de la santé à minima et au forceps. Il a nommé des personnalités clés de Wall Street –  premiers responsables de la crise – au ministère des finances, qui se sont empressées d’enterrer les projets de règlementation etc… Ce ne sont que des exemples parmi d’autres. Le « fact checking » (vérification par les faits), comme disent les Américains, ne plaide pas en faveur du président sortant.

Comment Barack Obama a-t-il pu croire sincèrement qu’il allait changer tout Washington et 50 ans de politique Américaine à lui tout seul ? Comment imaginait-il que les Républicains allaient se mettre à travailler avec lui pour l’intérêt supérieur national ? Cette « naïveté » était sans doute nécessaire au « phénomène Obama » de 2008, mais elle lui coûte bien cher aujourd’hui à l’heure du bilan.

La réponse à ces questions se cache sans doute dans l’incroyable destinée du président. Né à Hawaï en 1961 d’une Américaine et d’un Kényan, le petit Barack ne connait pas son père. Très jeune il part vivre en Asie du Sud-Est avec sa mère et son nouveau mari Indonésien. C’est dans les faubourgs de Jakarta qu’il vivra jusqu’à 10 ans. Il retourne ensuite à Hawaï où ce sont ses grands parents qui le prennent cette fois en charge. Après le College, qu’il effectue en Californie, Obama devient ensuite community organizer à Chicago avant d’être diplômé de Harvard en 1991. C’est ensuite à peine plus de 10 ans après être entré en politique (1996) qu’il gravit quatre à quatre les échelons devenant sénateur de l’Illinois puis sénateur fédéral et enfin président des États-Unis en 2008. Au regard de ce destin hors du commun, Barack Obama avait de bonnes raisons de croire en sa bonne étoile. Comme il avait toujours su venir à bout des obstacles se présentant à lui, il a peut être mésestimé les difficultés auxquelles il serait confronté une fois élu.

2 – Le réveil du showman

Mais si Obama est en difficulté sur son bilan, il peut toujours compter sur son formidable charisme et sens de la formule. Durant toute la campagne il s’est montré en véritable « bête de scène » avec un sens du verbe hors du commun.

Dans cette catégorie on notera le formidable sketch sur la « Romnésie » durant le meeting de Virginie avant le troisième débat.

« Romney a tellement changé d’avis« , explique Obama à l’assistance, « qu’il faut donner un nom à cette maladie dont il souffre: la « Romnésie«  » (Romnesia). Prévenant, il enchaine: « Je ne suis pas médecin mais je vais vous décliner certains des symptômes parce que je veux être sur que personne ne l’attrape :
– Si vous dites que vous êtes pour l’égalité des salaires mais que vous refusez de dire si vous signeriez une loi qui la protège, vous avez peut-être la Romnésie.

Si vous dites que les femmes devraient avoir accès à la contraception, mais que vous soutenez une loi qui laisserait votre employeur vous refuser la couverture de la contraception, vous avez peut-être un accès de Romnésie..
Si vous dites que vous êtes « un champion de l’industrie du charbon » alors que , quand vous étiez gouverneur, vous vous êtes plantés devant une centrale pour dire qu’elle peut tuer…– « Romnésie », hurle la foule, qui a compris la musique…
Après avoir énuméré toutes les contradictions de son opposant, Obama assène le coup de grâce, qui fera aussi la chute de son sketch et provoquera l’hystérie de la foule. Si vous souffrez de Romnésie, rassurez-vous, grâce à sa réforme de la santé vous êtes couverts:
– « Obamacare couvre les antécédents médicaux »

Lors du troisième et dernier débat qu’il a largement dominé, Obama a aussi fait preuve d’un sens de la réparti forçant l’admiration.

Mitt Romney propose d’augmenter drastiquement le budget de l’armée:
[…]  la marine américaine n’avait jamais eu aussi peu de navires depuis 1917. Ils ont besoin de 313 bâtiments. On est descendu à 285. Ce à quoi répond Obama :
– Je pense que le gouverneur Romney n’a peut-être pas passé assez de temps à étudier comment fonctionnent nos forces armées. Nous avons moins de navires qu’en 1916 mais nous avons aussi moins de chevaux et moins de baïonnettes parce que la nature de l’armée a changé.
Nous avons ces choses appelées des porte-avions sur lesquels les avions peuvent atterrir. Nous avons ces bateaux qui vont sous l’eau, des sous-marins nucléaires. Il ne s’agit pas de bataille navale.
« 

La suite de cet article, consacrée à Mitt Romney et au système électoral Américain sera publiée la semaine prochaine.
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Citation de Simone de Beauvoir

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Simone-Lucie-Ernestine-Marie Bertrand de Beauvoir

« La fatalité triomphe dès que l’on croit en elle. »

Simone de Beauvoir, philosophe et romancière Française, (1908-1986)

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Citation de Jean Jaurès

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Jean Jaurès

« Le courage, c’est de comprendre sa propre vie… Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille… Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel.« 

Jean Jaurès, homme politique Français, (1859-1914)

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Krach de 1929: le jeudi noir

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La Liberté guidant le peuple, images historiques, mémoire collectiveCes images qui ont fait l’Histoire…

Chaque semaine, une image ou une photo qui a marqué notre mémoire collective. L’occasion de revenir sur les évènements majeurs et les « images d’Épinal » qui ont façonné notre souvenir du passé.

24 Octobre 1929: Le « jeudi noir » ou « black thursday » marque le début d’une crise boursière qui se déroula à la Bourse de New York en octobre 1929.

En cinq jours à peine les actions perdent 43% de leur valeur. Des centaines de milliers de ménages ont emprunté pour spéculer en Bourse et comptaient rembourser leur dettes en revendant leurs actions. Avec la chute des cours, ils se retrouvent ruinés. Les banques auxquels tous ces investisseurs ont emprunté se déclarent en faillite. Les commerces et les entreprises sont peu à peu à leur tour affectés par la ruine des banques et des consommateurs. La production industrielle s’effondre de plus de moitié en trois ans… Les prix baissent des deux tiers… Les petits fermiers sont jetés sur les routes… On compte bientôt treize millions de chômeurs aux États-Unis…

Le reste du monde est affecté par ricochets, à la faveur notamment des lois protectionnistes Américaines votées en 1930, ou du retrait brutal des capitaux par les investisseurs Américains.

Ce terrible jour vécu par Wall Street le jeudi 24 Octobre 1929 est le véritable point de départ d’une inexorable dégringolade qui conduira le monde à la Grande Dépression des années trente.

Krach de 1929, jeudi noir le 24 Octobre 1929, crise à Wall Street

La foule se presse devant la bourse de Wall Street après le krach du "jeudi noir"

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Pacte budgétaire: le TSCG pour les nuls

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Voici une petite vidéo de 3 minutes, éditée par ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne) pour expliquer rapidement les principaux enjeux du TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance). Un outil de vulgarisation utile à quelques jours du vote parlementaire.

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