Citation de Jules Michelet

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Jules Michelet, historien Français

« Chaque époque rêve de celle qui va lui succéder. »

Jules Michelet, historien Français, (1798-1874)

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La Conférence de Yalta

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La Liberté guidant le peuple, images historiques, mémoire collectiveCes images qui ont fait l’Histoire…

Chaque semaine, une image ou une photo qui a marqué notre mémoire collective. L’occasion de revenir sur les évènements majeurs et les « images d’Épinal » qui ont façonné notre souvenir du passé.

11 février 1945: Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et Joseph Staline pour la clôture de la Conférence de Yalta. La conférence communément surnommée « le partage du Monde » par les observateurs.

La conférence de Yalta, Février 1945, Joseph Staline, Franklin Delano Roosevelt, Winston Churchill

Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt et Joseph Staline à la conférence de Yalta le 11 Février 1945

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Citation de Ambrose Bierce

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Ambrose Bierce, écrivain et journaliste Américain

« Distance. La seule chose que les riches soient prêts à accorder aux pauvres en souhaitant qu’ils la gardent.« 

Ambrose Bierce, écrivain et journaliste américain, (1842-1914)

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Citation de Irénée D. Lastelle

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Affiche du film The Wall réalisé par Alan Parker (Pink Floyd)

Affiche du film The Wall de Alan Parker, mettant en scène les chansons de l’album de Pink Floyd

 

« La violence est parfois l’expression de ceux que l’on asphyxie: ils ont tout simplement la prétention de respirer.« 

Irénée D. Lastelle, écrivain et éditeur Français, créateur des Éditions Sullivan et des Éditions de la Nuit

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Σύνολο αλληλεγγύης προς τον ελληνικό λαό !

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(NDLR: Solidarité totale avec le peuple Grec ou phonétiquement « Sýnolo alli̱lengýi̱s pros ton elli̱nikó laó« ). Les Grecs étaient dans la rue ce week-end pour dénoncer une nouvelle fois le énième plan d’austérité que leurs députés s’apprêtaient à voter. De véritable scènes de guérilla urbaines ont plongé le pays dans le chaos le soir venu. Le scandale Européen – auquel nous avions consacré un dossier cet été – est plus que jamais d’actualité tandis que que le processus de tiermondisation de la Grèce s’intensifie. Jusqu’à quand ?

De violents affrontements à Athènes entre policiers et des manifestants devant le parlement grec, à la suite du vote d'un nouveau plan d'austérité

Violents affrontements dimanche à Athènes entre policiers et des manifestants devant le parlement grec (Photo AFP)

Ce week-end c’était le chaos en Grèce. Les manifestants ont fait le siège du parlement pour tenter d’empêcher le vote d’un troisième plan d’austérité imposé par Bruxelles et le FMI. Dégénérant de plus en plus en scène de guerre urbaine à mesure que la l’échéance du vote approchait, on s’est affronté à coup de bombes lacrymogènes, de matraques, de cocktails Molotov et même de bouteilles de gaz comme le raconte Léa Lescure sur Rue89.

Contrairement à ce que l’on sous-entend souvent, ces évènements n’ont pas impliqué seulement de jeunes casseurs crypto-anarchistes ou autre « black-block » que les autorités ont toujours vite-fait de fustiger. Ce week-end, toutes les générations grecques étaient dans la rue, jeunes, chômeurs, retraités ou travailleurs… Tous sont venus exprimer leur ras-le-bol face à une politique qui n’est pas faite pour les aider mais au contraire pour les enfoncer comme nous l’expliquions en Juillet. La radicalisation de la répression policière a, à mesure que la journée avançait, progressivement contraint les manifestants les plus fragiles à quitter la place Syntagma (voir à ce sujet le traitement imposé aux personnes âgées dans la correspondance de Léa Lecture). Il est donc important de souligner que ces évènements ne sont pas le fait de quelques jeunes illuminés en quête de confrontation avec les autorités, mais bien le cri de douleur de tout un peuple.

Comment ne pas comprendre la réaction d’une population qui n’accepte plus qu’on lui demande encore des efforts, qui de surcroit seront tout aussi vains que les précédents (voir cet article du Monde) ? Pour le vote parlementaire de dimanche, les dirigeants des partis Pasok (socialistes) et Neo Dimokratia (conservateurs) avaient fait savoir que tout député qui n’approuverait pas le texte sera exclu du parti sans condition… Quand on sait qu’en plus le gouvernement actuel a été formé sous la supervision des technocrates de Bruxelles, il y a de quoi douter sérieusement de la légitimité de ces décisions. Vous parlez d’une démocratie ! Le peuple Grec a perdu sa souveraineté et n’a d’autre choix aujourd’hui que de subir en silence… ou de manifester son  indignation !

Emeutes place Syntagma Atthènes contre le plan d'austérité

Dimanche, 100 000 manifestants s’étaient donné rendez-vous devant le Parlement pour exprimer leur colère contre le nouveau plan d’austérité, le soir la manifestation dégénère en émeute (photo Yiorgos Karahalis, Reuters)

On entend régulièrement dire que les Grecs n’ont eu de cesse de tricher, en favorisant l’évasion fiscale, en trafiquant les chiffres pour rentrer dans l’Euro etc… et qu’il est donc « normal » qu’ils payent aujourd’hui leurs égarements. Une belle façon de « botter en touche » le débat sur la légitimité et l’efficacité des plans d’austérité sans fin que « Merkozy » impose à la péninsule hellénique. La vérité c’est que les marchés financiers et l’Europe agissent comme des charognards qui cherchent à se payer sur une proie à l’agonie (voir notre article sur les mécanisme de spéculation sur la dette et les cercles vicieux qui cela engendre).

Il n’y a là aucune solidarité, simplement un froid calcul dont les citoyens Grecs ne finissent plus de payer le prix démesuré. Le processus est bien connu – et les Grecs ne sont pas dupes – les plans d’austérité et les économies tuent la croissance (8% de récession en 2011, imaginez…), et la Grèce peut encore moins rembourser sa dette… ce qui déclenche un nouveau plan d’austérité etc etc…. Le peuple Grec n’en peut plus de subir un système auquel il a du abandonner toute sa souveraineté. Un système prenant des mesures qui, en plus d’être terriblement douloureuses, sont profondément néfastes pour l’avenir du pays. Il se révolte donc par le seul biais qui lui reste, le seul moyen d’être un peu entendu, le seul vecteur pour exprimer l’immense colère qui sommeille en lui. Il se révolte dans la rue.

L’Occident qui s’émerveille tant devant les révolutions arabes devrait se poser la question. En quoi une révolte d’un peuple contre la dictature d’un système, qui a confisqué le pouvoir pour prendre des décisions ruinant le présent et l’avenir de tout le pays au profit d’une minorité, serait moins légitime selon qu’elle ait lieu au Nord ou au Sud de la Méditerranée ? Voilà pourquoi nous devrions tous être maintenant en totale solidarité avec le peuple Grec.

Quelle ironie de l’Histoire que le sol qui ait vu naître la démocratie, fusse aujourd’hui en train de contempler son crépuscule…

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Citation de Bernard Kouchner

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Bernard Kouchner, ancien Ministre des Affaires Etrangères

« […] Il y a une contradiction permanente entre les Droits de l’Homme et la politique étrangère d’un état, même la France.« 

Bernard Kouchner, médecin humanitaire et homme politique Français, ancien Ministre des Affaires Étrangères, (1939-), déclaration au Parisien en 2008

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Voir le chômage comme une libération des travaux forcés

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Le chômage a toujours été stigmatisé comme un fléau, et nous ne sommes d’ailleurs pas en reste sur ce site. Seulement en prenant du recul, il se pourrait bien qu’il ne soit en réalité que la manifestation du progrès technique, et du remplacement progressif de l’homme par la  machine. Ce texte de 1932, extrait de « La grande relève » de Jacques Duboin, défend l’idée qu’un taux d’inactifs élevé n’est pas un aveu d’échec mais au contraire un gage de succès pour une civilisation. Et que c’est notre manière de l’appréhender – en stigmatisant les chômeurs – qui est la source de nos difficultés. En élevant le débat à un niveau quasiment philosophique l’auteur nous fait partager un point de vue qui vaut le détour, à l’heure ou nous devons faire des choix structurels pour notre société.

La Grande Releve de l'homme par la machine par Jacques Duboin

Le livre dont est extrait le texte ci-contre

L’ouvrage est disponible en intégralité en PDF ici ou bien sur ce site (à qui nous devons cet extrait).
Ci-dessous, extrait des pages 287 et suivantes, chapitre intitulé « La grande relève »: Hermodan, sage ermite vivant sur une montagne, prend la parole.

« — Je ne vois pas pourquoi la race humaine serait condamnée au travail à perpétuité. Ou alors il ne fallait pas la doter d’un cerveau grâce auquel elle oblige la matière à travailler à sa place. Des trésors de patience et d’intelligence ont été dépensés par des générations et des générations, pour inventer et mettre au point des machines qui, de plus en plus, remplacent le travail des hommes. Nous assistons aujourd’hui à la grande relève des travailleurs par la matière disciplinée et animée d’une force de production. Ne peut-on concevoir une évolution du capitalisme qui tienne compte de cette relève, sans obliger l’armée qui descend des lignes à mourir de faim ?

Au cours des siècles passés, tous les hommes, sans exception, étaient mobilisés pour la guerre, incessante et sans merci, que la faim, la soif et le froid font à notre pauvre humanité. Tout le monde devait gagner sa vie au prix de la sueur de son front, et passer tous les jours dans les tranchées du champ de bataille.

Mais voici que, comme au cours de la grande guerre, la défense s’organise, le matériel vient se substituer, en partie, aux poitrines vivantes. Il faut des effectifs de plus en plus réduits pour tenir les lignes contre l’ennemi héréditaire : la misère humaine. Les hommes sont relevés de la fournaise ; petit à petit, ils sont libérés de l’obligation de lutter pour leur vie. Ces soldats qui descendent vers l’arrière, ce sont des libérés, des hommes dont on n’a plus besoin puisque, sans leur présence au chantier, la communauté possède enfin tout ce qui lui est nécessaire.

Les libérés d’autrefois s’appelaient les rentiers. Aujourd’hui, ce sont les chômeurs. Les uns comme les autres ne sont pas indispensables pour la production des richesses. Jamais les récoltes n’ont été plus abondantes, ni les stocks plus élevés.

Un pays devrait être fier du nombre d’hommes dont le progrès permet d’économiser l’effort. Le chômeur, au lieu d’être la rançon de la science, devrait en être la récompense. Plus il y a de chômeurs dans un pays, plus le niveau intellectuel, plus l’étiage économique est élevé. Théoriquement, n’est-ce pas vrai ?

— Vous m’effrayez, fit le propriétaire terrien.

— Qu’y a-t-il d’effrayant ? répliqua tranquillement Hermodan ? Voici deux pays de même population. L’un comme l’autre produisent, chaque année, la même quantité de richesses, mais, dans le premier, ce résultat est obtenu grâce à l’effort intensif de tous les travailleurs ; dans l’autre, grâce au travail de la moitié seulement de la population. Laquelle de ces deux nations possède le niveau intellectuel, social, économique, — mettez l’adjectif qui vous plaira, — le plus élevé ? La seconde évidemment. Cependant, ce pays privilégié est à plaindre, car la moitié de sa population, réduite à ne rien faire, est condamnée à mourir de faim et de froid. Voilà le drame que nous vivons.

Transposons le problème sur un autre plan. Il n’y a pas que les hommes que le progrès technique a délivrés, en partie, du travail obligatoire. Il y a aussi les chevaux. Ceux-ci sont remplacés, de plus en plus, par les chevaux-vapeur qu’on élève dans les cylindres d’un moteur à explosions. Le travail des chevaux en chair et en os devient de moins en moins nécessaire. Comme dit mon ami Joseph Dubois, connaissez-vous des chevaux chômeurs ?

— Expliquez-vous, dit le propriétaire terrien.

— Très volontiers, reprit Hermodan. Comme on a trouvé inutile de nourrir les chevaux à ne rien faire, on s’est empressé, dès qu’on a eu moins besoin de leurs muscles, d’en envoyer quelques uns à la boucherie, et de limiter la saillie des juments. Est-ce le sort que vous réservez aux hommes dont le travail est accompli par des machines ?

— Le chômage serait donc un bien ? dit timidement le propriétaire terrien.

— Théoriquement, il est la preuve irréfutable que le pays où il sévit a réalisé de grands progrès techniques dans la production, répondit Hermodan. Théoriquement toujours, ces hommes qui ne sont plus obligés de tenir la tranchée, ces hommes qui ont été relevés par les machines, sont le signal qu’une victoire a été remportée par le commandement, c’est-à-dire par l’intelligence. La présence de ces affranchis devrait être un élément de confiance, de réconfort, de fierté pour toute la nation. Mais c’est à la nation qu’il incombe de les faire vivre. Elle s’en acquitte un peu partout sous forme d’indemnités de chômage. Seulement, on espère, dans l’état actuel des esprits, que ces secours sont passagers et ces libérés ne sont que des permissionnaires ; qu’ils vont bientôt être forcés de remonter aux tranchées et de reprendre leur métier de galérien en travaillant le plus d’heures possibles tous les jours. On souhaite que, pour obtenir ce résultat admirable, le niveau industriel baisse prochainement. Quelques uns vont jusqu’à rêver qu’on démolissent une partie de ces esclaves-matière ou chevaux-vapeur, afin de replacer leur fardeau sur des épaules de chair. Que tout le monde retourne au bagne, c’est à cela que s’emploient les experts qui veulent mettre fin au bienfaisant chômage.

Malgré la stupéfaction indignée de tous ses auditeurs, Hermodan continua froidement :

— Évidemment, je m’aperçois que ce que je vous dis vous surprend légèrement. J’insisterai donc en affirmant que, du moment que vous n’avez plus besoin de ces hommes, vous êtes dans l’obligation absolue de les faire vivre sans travailler. Car du moment qu’ils sont venus au monde, ils ont droit à la vie. Ils y sont venus comme tous leurs frères, nus, sans poches remplies sur les côtés. Est-ce leur faute si toutes les richesses qui existent ont déjà un propriétaire légitime ? Et si l’abondance de ces richesses est telle que vous préférez les détruire ? Ah ! pour légitimer cette appropriation de tout ce qui est nécessaire à la vie, la société a élevé le travail à la hauteur d’une véritable religion. Ils ont accepté cette loi, bien qu’elle dût leur paraître dure, et ils se sont mis courageusement à l’œuvre. Mais voilà que, grâce au progrès technique, leur travail ne vous est plus nécessaire ! C’est cependant leur unique bien, qu’ils sont forcés d’échanger contre le morceau de pain indispensable à la vie. Concluez ?… Préférez-vous les faire disparaître comme les chevaux ? C’est la solution des anthropophages. Elle paraît tellement odieuse que, dans tous les pays, c’est l’État qui vient en aide à ces soi-disant déshérités. Vous savez, d’ailleurs, qu’une attitude différente conduirait droit à la révolution, car ils sont de plus en plus nombreux. Aujourd’hui 30 millions, demain 35, 40, 50 millions ! Il n’y a pas de raison pour que ça s’arrête, puisque l’idéal du progrès technique est la suppression totale de la main-d’œuvre.

— Mais comment cette situation a-t-elle pu naître si brusquement, dit enfin le propriétaire terrien, qui fut le premier à reprendre ses esprits.

— Je vous ai expliqué déjà qu’elle menaçait depuis longtemps. La guerre a précipité les événements qui, sans elle, ne se seraient produits que beaucoup plus tard, mais qui se seraient produits tout de même.

— Et c’est vraiment sans appel ? risqua l’industriel.

— Sans appel, reprit Hermodan. Il faut en prendre une bonne fois son parti. Certes vous aurez des hauts et des bas, de petites reprises suivies de dépressions profondes. Mais franchement, je croyais que nous avions épuisé le sujet et que notre religion à tous était faite et archifaite. Croyez-vous encore au retour de la prospérité telle qu’on convenait de la définir autrefois ?

— Non, évidemment, dit l’industriel, mais tout de même…

— Croyez-vous sérieusement, interrompit Hermodan, que le monde revive l’année 1929 qui, si je ne me trompe, fut l’année de la prospérité exceptionnelle ?

— Non, dit l’industriel, 1929 fut évidemment une période unique ; c’est une époque qu’on ne revivra plus.

— Je ne vous le fais pas dire, reprit Hermodan. Sachez cependant que le chômage technologique existait déjà en 1929 ! Oui, même à ce moment de production intensive ! Interrogez un homme compétent, M. Picquenard notre directeur de travail, il vous le confirmera.

— C’est épouvantable ! dit le propriétaire terrien.

— Mon vieil ami, continua Hermodan, ne vous lamentez pas. D’abord, c’est complètement inutile, puisque cela ne changerait rien. Ensuite, dites-vous bien que ce qui arrive devait fatalement se produire. Logiquement, si la science, grâce aux savants, aux inventeurs, aux praticiens, est parvenue à fournir à l’humanité une armée d’un milliard d’esclaves de fer, et une autre d’un milliard de chevaux-vapeur, ce n’était pas pour que disparaissent quelques millions d’hommes, sous prétexte que leur travail ne devenait plus nécessaire. L’homme, contrairement à ce que vous avez cru, n’était pas condamné au travail à perpétuité. Il a durement peiné jusqu’à ce qu’il possède cette armée d’esclaves matériels qui, désormais, vont travailler pour lui. C’est la grande relève qu’il attend, qu’il a préparée et qui, enfin, est en marche pour le débarrasser de la corvée du labeur. Pourquoi serait-ce épouvantable ? La civilisation antique ? Quelques hommes libres portés par un monde d’esclaves. Demain ? L’humanité toute entière sera ces quelques hommes libres, et la matière sera la multitude d’esclaves. Je ne vois vraiment pas là de quoi nous attrister et vous empêcher de dormir.

— Mais voyez les conséquences, dit le propriétaire terrien. Vous avez eu la précaution de nous dire que vous nagiez en pleine hypothèse ; je crois que vous nagez en plein communisme, et cela, sans vous en douter.

— Pas fatalement, dit Hermodan. Je vous ai dit que, pas plus que vous, je ne connaissais l’avenir. Nous souhaitons que le désordre qui règne dans le monde ne nous conduise ni à la guerre, ni à l’anarchie. De plus, nous voudrions bien que le régime capitaliste, au lieu de s’effondrer, consente à évoluer afin de tenir compte des progrès scientifiques. Je cherche dans quelle voie il pourrait s’engager pour sauver notre civilisation. Voulez-vous me permettre de continuer ?

— C’est bien inutile, dit le propriétaire terrien. Vous imaginez un régime où celui qui ne travaille pas aura les mêmes avantages que le travailleur. Vous donnez une prime à la paresse et vous comptez que quelques braves gens dans la tranchée, pour employer votre expression, vont se faire tuer pour permettre aux autres de se goberger à l’arrière.

— Oh ! fit Hermodan en souriant. Voilà un sentiment de pudeur qui vous honore, mais qui me paraît bien tardif. Si l’idée que des hommes peuvent vivre sans travailler est de nature à vous faire souffrir, vous avez dû souffrir beaucoup et depuis longtemps. Car vous avez certainement entendu parler de centaines de milliers d’hommes qui ont vécu bien tranquillement de leurs rentes. Peut-être en avez-vous connu personnellement. Des millions d’hommes ont vécu, et bien vécu, sans jamais rien faire de leurs dix doigts, ni de leur substance grise. Certains journaux s’étaient même spécialisés dans la description de leurs faits et gestes. Comment se fait-il que cette paresse, du moment qu’elle reposait sur de bonnes rentes, ne vous ait jamais choqué ?

— Leurs parents et leurs grands-parents avaient travaillé pour eux, dit le propriétaire terrien.

— Les parents et les grands-parents des chômeurs d’aujourd’hui ont beaucoup travaillé pour nous, répliqua Hermodan. C’étaient des millions d’hommes qui bûchèrent toute leur existence et qui nous ont fabriqué cette armée d’esclaves-matière. Dites que les chômeurs d’aujourd’hui sont les successeurs des rentiers d’autrefois, si cela peut vous soulager. Des rentiers infiniment moins privilégiés, du moins pour l’instant, que ne le furent ceux que nous avons connus et que nous connaissons encore. Car il est évident que notre société ne peut pas faire, demain, à celui qui devra vivre sans travailler, un sort supérieur, ni même égal, à celui qui lutte pour se faire une place au soleil. Je souhaite, au contraire, que l’on puisse toujours maintenir ces possibilités d’émancipation, de mieux-être, qui sont la force du régime capitaliste. Donc, notre nouvelle classe de rentiers, soyez-en bien persuadé, sera dans une situation très inférieure à celle qui disparaît sous nos yeux.

— C’est la collectivité qui va assumer cette nouvelle charge, interrompit le propriétaire terrien. Vous voyez bien que, malgré tout votre désir de sauver le capitalisme, vous sombrez, vous aussi, dans l’étatisation à outrance.

— Voire, dit Hermodan.

— C’est tout vu, répliqua le propriétaire terrien. Baptisez votre système du nom que vous voudrez, c’est encore et toujours de l’étatisme. Il est impossible de mettre le doigt dans l’engrenage sans que le corps y passe tout entier. Paul-Boncour, Léon Blum, Staline !… Je ne présente pas la France et les Français soumis à ce régime. Cela vous plairait, à vous, qu’à chaque geste économique, à chaque transaction ou autre opération, nous fussions inscrits, enregistrés, recensés, timbrés, mesurés, tarifés, cotés, patentés, autorisés, licenciés, empêchés, contingentés ! À la suite de quoi nous serions traqués, houspillés, contrariés, poursuivis, interrogés, emprisonnés, fustigés, sacrifiés, vendus, contrecarrés, bernés, découragés, outragés, déshonorés ! Grand merci !

— Voilà que vous recommencez à vous lamenter, dit Hermodan…

— Mais c’est à cet étatisme que l’on court, interrompit le propriétaire terrien, et à quelle allure ! Voyez ce qui se passe en Allemagne. Il y fait des progrès inouïs. La législation de crise a déjà placé sous le contrôle de l’État les banques, l’industrie lourde, les lignes de navigation et, pratiquement, tout le commerce extérieur. C’est l’État qui fixe la durée de travail et la rémunération des ouvriers, les loyers, le taux de l’intérêt, bientôt le prix de toutes choses. À Rome, c’est encore l’étatisation, qui se prononce « fascisme » en italien. L’emprise de cet étatisme est sans doute déjà plus forte qu’en Allemagne. Toute création d’industrie nouvelle et tout agrandissement d’industrie existante sont soumis à l’autorisation du Sénat. Un propriétaire n’est plus libre de cultiver son champ comme bon lui semble. La nature de ses cultures lui est en quelque sorte imposée par le gouvernement. S’il refuse, il est dépossédé au profit du syndicat agricole le plus voisin.

— Propriété oblige ! c’est le principe de Mussolini, dit Hermodan ; la propriété fasciste a pris un caractère nouveau, celui de la fonction sociale, et le propriétaire a des devoirs envers la collectivité.

— Communisme ! dit le propriétaire terrien.

— Pas nécessairement, répliqua Hermodan.  […]« 

Extrait du livre de Jacques Duboin,
« La grande relève des hommes par la machine »,
publié en 1932 par Les Éditions Nouvelles, 16 rue de la Sorbonne, Paris.
A GRANDE RELÈVE des hommes par la machine
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Citation de Georges Clemenceau

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Georges Clémenceau

« En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables.« 

Georges Clemenceau, homme d’état radical-socialiste Français, (1841-1929)

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En attendant le long métrage, les crabes font leur révolution

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Cela fait déjà près de deux ans que le long métrage est annoncé, et les fans ne voient rien venir faute d’un budget suffisant. Et la seule bande annonce laisse tout le monde sur sa faim… Une raison de plus pour savourer le court-métrage, sortie en 2004, qui est un petit bijou de cinq minutes. Place à « La révolution des Crabes » !

La révolution des crabes d'Arthur de Pins

"La révolution des crabes", d'Arthur de Pins

C’est l’histoire de la terrible condition du Pachygrapsus Marmoratus. Une espèce « qui n’a jamais demandé à voir le jour » selon son auteur Arthur de Pins. Et pour cause ces crabes peuplant l’estuaire de la Gironde, ne peuvent se mouvoir que latéralement.

Ils sont donc condamnés à marcher toujours sur la même trajectoire ! Cette existence d’une incroyable monotonie, désespère le héros narrateur qui tente de philosopher sur son injuste condition. Jusqu’à ce qu’un jour il parvienne à tourner. Ce qui lui fera avoir cette réplique désormais culte:

Crabe surpris« […] J’avais réussi à tourner ! Et compris du même coup que si on ne tournait pas, ce n’était pas à cause de notre carapace. C’est parce qu’on était trop cons ! Mais déjà les miens me regardaient avec un drôle d’air… »

 

Ce film est une petite fable délicieuse contre le conformisme et la dictature de la norme. Les spectateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompé en lui décernant le prix du public au festival d’Annecy en 2004.

Un film de Arthur de Pins distribué par Metronomic. Film déposé à la SACD sous le N°161892

La marche des crabes, tome2, l'empire des crabes
La Marche des Crabes, tome2, « l’Empire des crabes »

En attendant la sortie du si attendu long métrage, on pourra toujours se consoler avec la bande dessinée consacré au même univers.

Arthur « deux pinces » – comme il est désormais surnommé avec affection par les fans – propose ici une réinterprétation philosophique et sociale autour de la désormais célèbre problématique de déplacement de son espèce de crabe préférée.

Le second tome (ci-contre) d’une trilogie a été publié l’année dernière au mois de Novembre.

 

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Citation de Alain

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le philosophe Alain de son vrai nom Emile-Auguste Chartier

« Quand on me demande si la division entre partis de droite et de gauche, entre gens de gauche ou de droite, a encore une quelconque signification, la première chose qui me vient à l’esprit est que quiconque pose la question n’est certainement pas de la gauche.« 

Alain (de son vrai nom Emile-Auguste Chartier), journaliste, essayiste et philosophe Français, (1868-1952), Éléments d’une doctrine radicale, 1925

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