« Les Nations Unies ont proclamé de longues liste de Droits Humains, mais l’immense majorité de l’Humanité n’a d’autre droit que celui de voir, écouter et se taire. Et si nous utilisions l’un des droits humains: le droit au rêve, le droit au délire, l’espace d’un instant, pour imaginer un autre monde ?
– L’air sera épuré de tout poison autre que celui venant des peurs humaines
– La TV ne sera plus le membre le plus important de la famille
– Les gens travailleront pour vivre au lieu de vivre pour travailler
– Les économistes n’appèleront plus niveau de vie le niveau de consommation
– Le politicien ne croira plus que les pauvres aiment se nourrir de promesses
– Le monde ne sera plus en guerre contre les pauvres mais contre la pauvreté
– Personne ne mourra plus de faim, parce que personne ne mourra plus d’indigestion
– Les enfants des rues ne seront plus traités comme des déchets parce qu’il n’y aura plus d’enfants des rues
– L’Éducation ne sera plus le privilège de ceux qui peuvent l’acheter et la police ne sera pas la malédiction de ceux qui ne peuvent l’acheter
– La Sainte Église Catholique rectifiera les erreurs de ses Commandements et le sixième ordonnera de fêter le corps
– Elle ajoutera aussi un commandement que Dieu avait oublié: « Tu aimeras la Nature parce que toi, tu fais partie de la Nature.
La perfection continuera d’être l’ennuyeux privilège des dieux mais dans ce monde, ici bas, chaque nuit sera vécue comme si elle était la dernière et chaque jour comme s’il était le premier »
Eduardo Galeano, poète et écrivain Uruguyen (1940-), extrait d’un discours prononcé au forum social mondial de Porto Alegre en 2001)