Sidney Lumet s’est éteint il y a trois jours. Le réalisateur Américain est le père de films brillants, sociaux et prenants qui figurent comme des incontournables de l’histoire du cinéma.
Fortement engagé à gauche, il a longtemps été tenu à l’écart des grandes récompenses. Une injustice que l’Oscar d’honneur obtenu en 2005 pour ses « brillants services rendus aux scénaristes, acteurs et à l’art du cinéma » ne vient que faiblement compenser. Il restera aussi comme l’homme qui a offert à Al Pacino parmi ses plus grands rôles. Présentation d’un grand du cinéma Américain au travers de trois chefs d’œuvre.
Douze hommes en colères (1957)
C’est l’histoire d’un procès et des délibérations du jury. Au départ 11 jurés votent pour la condamnation à mort de l’accusé pour qui les faits sont accablants. Le douzième homme s’attachent à convaincre les autres un par un, estimant que la vie d’un homme mérite que l’on y réfléchisse à deux fois, le doute devant toujours bénéficier à l’accusé.
Ce film est un plaidoyer cinglant et fondateur pour la justice qui condamne aussi implicitement la peine de mort: comment accepter que l’on puisse se tromper dans une affaire aussi grave ? Sera-t-on jamais suffisamment certain de la culpabilité d’un homme pour l’envoyer à la mort sans un once de doute ?
« Douze hommes en colère » est par ailleurs septième au classement des meilleurs films de tous les temps du site de référence IMDb (Internet Movie Database).
Serpico (1973)
Franck Serpico est un policier de New-York. D’une intégrité exemplaire, il est détesté autant par ses collègues que par ses supérieurs. Son intransigeance et son combat solitaire contre la corruption généralisée de la police lui valent une descente aux enfers.
Lumet peint ici le portrait d’un personnage quasi christique (il en a d’ailleurs de look) qui part en croisade sur la seule base de ses idées. Seul contre tous, Serpico épouse aussi les codes de la jeunesse contestataire des années 70 (allure, coupe de cheveux, vêtements…). Comme pour mieux « rentrer dans le lard » de l’establishment corrompu…
Un après-midi de chien (1976)
Deux apprentis braqueurs décident de s’en prendre à une banque. Pris au piège par la police et les médias, la situation dérape et ils perdent complètement le contrôle. Ils prennent alors des otages.
Lumet nous propose un face à face terrible. D’un coté il y a deux jeunes, plus paumés qu’autre choses, sur qui le piège se referme. Et de l’autre un système, aux gros moyens, incarnés par la police et la presse, qui se montre impitoyable. Ce qui n’est au départ que « connerie » dégénère lentement en drame humain. Cette mise en scène fait de ce film une dénonciation violente de la répression aveugle.
C’est aussi la première fois que l’on traite de l’homosexualité à l’écran autrement que par la caricature.
Enfin, « Dog day afternoon » est le plus grand rôle d’Al Pacino au cinéma (avec peut-être Scarface de Brian de Palma). Il y est époustouflant.
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