En 1954, en finale de la Coupe du Monde, l’Allemagne se défait de la grande équipe de Hongrie contre toute attente. Sauf qu’en réalité ce que l’on a appelé « le miracle de Berne » n’a pas eu lieu : la Mannschaft était chargée aux méthamphétamines. Pourquoi revenir la dessus aujourd’hui ? Parce le 4 Juillet 1954 est le point de départ du renouveau Allemand, et pas seulement en football. C’est un évènement majeur dans la reconstruction nationale de nos cousins germains.
L’histoire des finales de Coupe du Monde est parsemée de ces surprises et évènements imprévisibles qui font le charme de ce sport planétaire. Depuis l’incroyable défaite du Brésil chez lui face à l’Uruguay en 1950 devant 200 000 spectateurs médusés du Maracana (record absolu), jusqu’au fameux « coup de boule » de Zidane en 2006 offrant le trophée à des Italiens pourtant à genoux à ce moment du match, les exemples ne manquent pas. A cette liste on ajoutait donc jusqu’à maintenant « das Wunder von Bern » (le miracle de Berne) de 1954.
Les Hongrois favoris, les Allemands plus en forme
Le début des années 50, c’est l’époque de la Grande Hongrie. Emmenée par une génération extrêmement talentueuse, issue du Honved de Budapest, la Hongrie est la meilleure équipe mondiale. Invaincue depuis 4 ans lorsqu’elle se présente en Suisse pour la phase finale de la Coupe du Monde, la Hongrie est en plus auréolée d’une écrasante victoire 6 à 3 à Wembley chez des Anglais humiliés.
D’entrée de jeu les Hongrois confirment les attente placées en eux en laminant les Allemands en match de poule 8-3. Les tacles Allemands parvenant tout de même à blesser Puskas, le meilleur joueur Magyar qui semblera un peu en dessous pour le reste de la compétition. Les deux équipes se retrouvent en finale, l’issu du match ne fait pas de doute : la Hongrie qui a sorti le Brésil et l’Uruguay aux tours précédents sera sacrée comme elle le mérite. Et le début de match laisse effectivement penser que la cause est entendue puisque malgré la pluie (qui ne les avantages pas trop), les Hongrois mènent 2-0 au bout bout de seulement 10 minutes… Seulement voilà, à force d’abnégation, les Allemands qui paraissent bien plus en forme, reviennent au score, puis prennent l’avantages à 5 minutes de la fin. La Hongrie rate ce soir là une occasion qui ne se représentera plus, au contraire de l’Allemagne qui inscrit pour la première fois sont nom au palmarès.
L’Allemagne retrouve sa fierté
Le cri du commentateur radio Herbert Zimmermann qui éructe « Torrrrr! » lors du troisième but d’Helmut Rahn (voir la vidéo ci-dessus) est le symbole de cette nouvelle Allemagne qui gagne. Celle qui peut à nouveau être fière d’elle même et ressortir le drapeau national sans honte. Une Allemagne qui semble enfin libérée d’une partie du fardeau du passé nazi dont l’opprobre empêchait depuis 1945 tout sentiment national.
Ce but c’est une façon de tourner la page et d’enterrer la seconde guerre mondiale en passant à autre chose. Appelé ainsi par la presse outre Rhin, le « miracle de Berne » n’est pas seulement un miracle sur le plan sportif. Il est l’acte fondateur de la nouvelle Allemagne qui va prendre le leadership de l’Europe et devenir la troisième puissance économique mondiale. Une nation désormais décomplexée, qui comme souvent est bâtie sur un symbole.
Le foot Allemand toujours au rendez-vous de l’Histoire nationale
Libérée par le « miracle de Berne » la RFA puis l’Allemagne va se construire dans les décennies suivantes le deuxième plus beau palmarès du foot mondial – après le Brésil – avec trois Coupes du Monde et trois Euros. C’est l’époque d’une Mannschaft qui « rate une compétition lorsqu’elle perd en finale » quand les autres nations se satisferaient largement de jouer la finale.
1954 c’est aussi le début de la main mise Allemande sur le football mondial et la FIFA. Par l’intermédiaire de leur fédération ou d’Adidas, sponsor indéboulonnable du foot international, les Allemands bénéficient d’une certaine impunité alors même qu’ils pratiquent un jeu plutôt agressif. Les observateurs/mauvaises langues s’étonneront par exemple régulièrement de tirages au sort favorables ou d’arbitrages complaisants dont bénéficie la RFA (comme lors de la finale Coupe du monde 90), et aussi de son impunité dans des affaires comme celle de l' »Anschluss » (arrangement avec l’Autriche pour éliminer l’Algérie) ou de l’agression sur Batiston à Séville en 1982.
Mais qu’importe ! Dans la foulée de 54, l’Allemagne/RFA soulève donc régulièrement le trophée Jules Rimet. Et il est curieux de noter qu’à chaque fois cela correspond à une étape importante de l’Histoire nationale. Les footballeurs Allemands rythment donc la marche en avant du pays :
- 1954 : nous l’avons vu plus haut, c’est l’année de la renaissance nationale pour une Allemagne désormais décomplexée et prête à conquérir le monde.
- 1974 : l’année de la consécration de l’Allemagne comme hyper-puissance économique et Européenne. Après les JO de Munich en 72, elle confirme qu’elle est désormais de retour au tout premier plan des nations.
- 1990 : quelques mois seulement après la chute du mur de Berlin et la réunification, une Mannschaft composée de joueurs des deux cotés du mur devient championne du monde. Quel plus beau symbole ? (1) Ce qui fait dire à Alex Kremer dans « Good Bye, Lenin » que ce fut l’été le plus beau de sa vie.
C’est dans ce contexte qu’il faut un certains courage au comité olympique Allemand pour révélé le dopage des héros de Berne. Ils croyaient prendre de la vitamine C, c’était des amphets… Nous aurons le résultat complet de l’étude en 2012, mais dès aujourd’hui cela ne fait aucun doute : à Berne la RFA avait triché. Quand on voit les conséquences impressionnantes que cette victoire a eu pour l’Allemagne, on peut ne peut s’empêcher se demander ce qu’il serait arrivé si la Mannschaft avait respecté les règles ou bien s’il y avait eu des contrôles anti-dopage… On ne peut réécrire l’Histoire, mais force est de constater qu’il y a parfois des rendez-vous à ne pas manquer, et ce quel qu’en soit le prix. Et on dirait bien que ce fut le parti de l’Allemagne.
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