VENEZUELA: Hugo Chavez est mort officiellement le 5 mars 2013. Le président le plus controversé d’Amérique Latine laisse derrière lui un bilan difficile à apprécier, tant la plupart des médias l’attaquent pour des raisons purement idéologiques, indépendamment de toute objectivité. Le Monde Diplomatique lui consacre ce mois-ci un dossier, en revenant notamment sur la cabale dont il a fait l’objet durant ses 14 ans à la tête du Venezuela, ainsi qu’en rappelant le bilan chiffré de sa présidence. Instructif au moment de trier le vrai du faux.
1/ Affreux, sales et méchants
Voici quelques citations pour se faire une idée de la façon dont Hugo Chavez est systématiquement présenté par la presse et les principaux acteurs occidentaux depuis son entrée sur la scène internationale.
« L’apparition d’un Chavez sur les deux scènes de l’Amérique latine et de l’OPEP [Organisation des pays exportateurs de pétrole], après le prologue mexicain de l’opéra-bouffe zapatiste, est d’ores et déjà une menace majeure à l’échelle du continent : le cartel populiste Venezuela-Cuba-Haïti s’étendrait-il’ demain à la Colombie que toutes les avances démocratiques régionales seraient remises en cause. «
Alexandre Adler., essayiste, 23 novembre 2000.
« Sa rhétorique enflammée excitant les pauvres contre les riches est en grande partie responsable du problème. »
France Info, trois jours après le coup d’État du 11 avril 2002.
« De l’avis général, Hugo Chàvez, qui a mis en route contre lui un processus contre-révolutionnaire sans avoir jamais fait la révolution, ne passera pas l’année. »
Jacques Julliard, éditorialiste, 6 juin 2002.
« Plus ils sont laids, plus ils sont chavistes. S’ils n’ont pas de dents, à tous les coups ils soutiennent Chàvez. Regardez autour de vous : ici [dans un quartier chic traditionnellement hostile à Chàvezi, les gens sont beaux. »
Un opposant cité par le Financial Times, 21-22 décembre 2002.
« Hugo Chàvez se rêve en Simôn Bolivar moderne, mais il n’est qu’un vulgaire voyou. »
Nancy Pelosi, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants des Etats-Unis, 21 septembre 2006.
« Chàvez, c’est un type qui est ouvertement antisémite, c’est également quelqu’un qui instaure une répression avec des bandes armées, des escadrons de la mort, une confiscation des ressources, un bâillonnement de la presse en général dans son pays. »
Ariel Wizman, chroniqueur, Canal Plus, 20 novembre 2007.
« Pourquoi est-ce que tu ne la fermes pas ! »
Le roi espagnol Juan Carlos Jr interpellant Hugo Chàvez lors du sommet ibéro-américain de 2007.
« Un Mussolini avec des bananes. »
L’auteur mexicain Carlos Fuentes décrivant Hugo Chàvez, 14 février 2008.
« Ahmadinejad et moi, depuis le perron du palais présidentiel, viserons Washington avec des canons et des missiles. Parce que nous allons attaquer Washington. »
Citation tronquée d’Hugo Chàvez, relayée par l’Agence France-Presse le 9 janvier 2012.
« Les porte-parole de l’impérialisme disent (…) qu’Ahmadinejad est à Caracas, car en ce moment même, à 2h 30 de l’après-midi, nous allons, Ahmadinejad et moi, pratiquement depuis les sous-sols du palais présidentiel, ajuster notre tir en direction de Washington, et que vont sortir de là de grands canons et des missiles car nous allons attaquer Washington. »
Citation complète
« C’est la Corée du Nord. Ben oui, c’est la Corée du Nord. »
Analyse de Franz-Olivier Giesbert sur La Chaîne parlementaire (LCP), le 31 mai 2012.
« Le Venezuela, patrie socialiste, est devenu la caricature la plus aboutie de l’ultralibéralisme. »
« Spécial investigation », Canal Plus, 8 octobre 2012
« Un monde primitif, antérieur à la démocratie et à l’individu, quand l’homme n’était encore que masse et préférait qu’un demi-dieu, auquel il cédait sa capacité d’initiative et son libre-arbitre, prenne toutes les décisions importantes le concernant. »
Maria litrgas Llosa, Prix Yobel de littérature, it propos du Venezuela de Cliver, 10 mars 2013
« — Le Monde: Votre rhétorique révolutionnaire n’a-t-elle pas contribué au climat d’intolérance actuel ? »
« — Hugo Chavez : je crois qu’aujourd’hui le plus grand facteur d’intolérance, ce sont les médias. »
Le Monde, 18 décembre 2002
2/ Au bout du compte
Après 14 ans de « chavisme », voici l’évolution du Venezuela au travers de quelques indicateurs marquants.
Croissance annuelle moyenne:
- entre 1999 et 2012 : 3,2 %
- en 2003 (lors du lock-out pétrolier) : — 10 %
- entre 2004 et 2012 : 4,3%
Déficit public (2012) : 7 %
Fuite de capitaux entre 2003 et 2012:
- 150 milliards de dollars
Inégalités : le Venezuela est devenu le pays le plus égalitaire de la région
Proportion de pauvres :
- en 1999 : 49,4 %
- en 2010 : 27,8 %
Proportion d’indigents :
- en 1999 : 21,7 %
- en 2010 : 10,7%
Taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire :
- en 2000: 53,6 %
- en 2011 :71,1 %
Croissance des dépenses de santé:
- entre 2000 et 2010: 61 %
Croissance du nombre de personnes percevant une pension de retraite :
- entre 1998 et 2011 : 472 %
Rang mondial des réserves de pétrole prouvées :
- ler, devant l’Arabie saoudite
Production pétrolière :
- en 1998 : 3,5 millions de barils par jour
- en 2012 : 2,5 millions de barils par jour
Part des produits alimentaires de base importés :
- en 1998 : 90 %
- en 2012 : 30 %
Fonds versés par les Etats-Unis aux groupes d’opposition :
- en 2000 : 230 000 dollars
- en 2003: 10 millions de dollars
en 2012 : 20 millions de dollars
Elections :
- depuis 1999: 16
- remportées par Hugo Chavez : 15
Nombre de médecins pour 10 000 habitants :
- en 1996: 18
en 2012 : 58