Dans la digne suite du meeting du Bourget, ils étaient nombreux à Lyon hier soir à vouloir voir le candidat socialiste à la présidentielle en chair et en os. Selon les médias locaux il y avait hier plus de 12 000 personnes au palais des Sports de Gerland pour le meeting de François Hollande. Nous étions parmi eux.
Un palais des sports beaucoup trop petit
Nous sommes nombreux à ne pas avoir suffisamment anticipé. Arrivés 20 minutes avant le début du meeting – prévu à 18 heures – il n’y a déjà plus de places à l’intérieur du Palais des Sports pour accueillir la foule militants venu soutenir François Hollande. Les gens s’agglutinent dehors, innombrables, sur le parvis du palais à regarder un écran géant retransmettant le meeting en direct. Aurélie Filippetti, députée socialiste de Moselle et membre de l’équipe de campagne de M. Hollande, accueille les visiteurs en annonçant le programme du meeting. « Elle est vraiment jolie » nous confie une jeune militante qui se félicite que le PS mette en avant des personnalités féminines et qui reconnait à Mme Filipetti un talent certains pour galvaniser le peuple de gauche.
Pendant ce temps, à l’entrée de l’enceinte on cherche toujours à rentrer et les esprits commencent à s’échauffer avec la sécurité qui bloque les portes. « Ils auraient du faire le meeting ici… » suggère un militant déçu en montrant le stade de Gerland à deux pas. « Je ne pouvais pas venir plus tôt après une journée de travail. Il s’imagine quoi Hollande ? Qu’on finit tous à 16H30 ? » explique-t-il, chambreur.
Sur l’écran géant on rejoue les grands moments de l’histoire socialiste (le PS a décoté quelques archives d’informations Pathé et INA). Depuis le Front Populaire de Léon Blum en 1936 à l’élection de François Mitterrand en 1981. Le public est ému. Les plus anciens racontent: « Mitterrand en 81, c’était quelque chose…« . On sent que le PS aimerait que les deux François n’aient pas que le prénom en commun… On enchaine ensuite avec une parodie de Coluche appelant à voter pour Hollande en 2012, ce qui fait bien rire les visiteurs du soir.
A coté de nous, Grégory, nous avoue qu’il envisage « pour la première fois de voter à gauche » lui qui traditionnellement penche au centre droit. Ce qui fait bien rire Christophe, un ami qui le connait depuis la fac: « Cela faisais des années que je cherchais à le convaincre » confit-il en se remémorant leurs débats enflammés au cours de soirées étudiantes, « mais finalement Sarkozy aura été plus efficace que moi » dit-il en riant. Les deux compères ont choisis de venir ensemble ce soir pour en apprendre plus sur le programme du candidat socialiste.
« Bien plus de monde que pour Ségolène en 2007 »
Après un bref portrait de l’homme du jour, c’est Gérard Collomb, maire de Lyon qui prend la parole. Rompu à la politique, populaire dans sa ville qu’il dirige avec succès depuis 2001, il sait qu’il est en terrain conquis. Il n’empêche. Le sénateur fait le métier et harangue la foule avec un talent d’orateur certains. Le rythme des phrases et le timbre de la voix rappellerait presque Jean Jaurès…
Dans la foulée, la sécurité à l’entrée des portes fait rentrer quelques personnes au compte-goutte dans le Palais des Sports. Ils restent quelques places… Mais elles sont chères et rapidement le chef de la sécurité annonce: « Cette fois, c’est fini, on ne fera rentrer plus personnes !« . « Ça fait déjà trois qu’il dit ça ! » me confit le sourire aux coins des lèvres un quadragénaire qui ne désespère pas de pouvoir enfin rentrer.
Autour de nous une femme explique « Il y a bien plus de monde que pour Ségolène en 2007. J’étais à Eurexpo pour son meeting avant le premier tour. On était en retard mais il y a 5 ans, ils acceptaient les gens jusqu’à la fin du meeting. » Habituée des manifestations et autres réunions politiques socialistes, elle nous fait remarquer, fière, qu’il y a de nombreux jeunes au meeting. Bien plus que d’habitude. L’effet de la présidentielle sans doute.
Tandis que le discours tant attendu du candidat commence enfin, les « faucheurs volontaires d’OGM » scandent leurs slogans pour gagner des adhérents à leur cause. Ce genre de meeting est toujours le théâtre de manifestations d’organisations en tout genre trop heureuses d’avoir de l’audience. Nous seront ainsi abordé par l’association des opposants au projet du Stade des Lumières du Grand Lyon. Ils ont distribué inlassablement des tracts aux visiteurs: « Grand Stade, un projet socialiste ? » (faisant allusion au soutien inconditionnel de Gérard Collomb au projet). Bien peu de rapport avec la présidentielle.
Le candidat est lui acclamé et ses propositions appellent l’enthousiasme du public. Chacun mesure les progrès réalisés depuis 1 an par François Hollande dans l’éloquence et sa façon de s’adresser aux foules. Sa façon de systématiquement parler de Nicolas Sarkozy en l’appelant « le candidat sortant » (*) fait sourire une population qui conspue le chef de l’État dès que l’occasion lui en est donnée.
L’attente autour de François Hollande est énorme et c’est palpable. Ses détracteurs diront que c’est plus de l’anti-sarkozysme que du franc « hollandisme », mais le candidat socialiste déplace les foules. Même à Lyon, ville réputée bourgeoise (**).
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