Le sujet de la crise de la dette publique est de nouveau porté à l’ordre du jour avec la crise de gouvernance que subit la Grèce ces dernières semaines dans la foulée de ses élections législatives. C’est le moment de se replonger dans la conférence organisée au mois de Décembre 2011 par le journal La Cité et la Fonderie Kugler (NDLR: l’espace culturel de la Fédération des artistes de kugler réutilisant le site de l’ancienne usine). Une véritable leçon proposée par Myret Zaki et Étienne Chouard qui détaillent avec précision les mécanismes d’escroquerie utilisés par les marchés pour s’enrichir sur les dettes publiques et les faiblesses de nos systèmes démocratiques dont ils profitent honteusement.
Relire notre dossier sur la crise de la dette grecque.
1/ « La crise des dettes publiques a été volontairement déclenchée » (Myret Zaki)
La première partie de la conférence est consacrée aux difficultés économiques rencontrées par les États de la Zone Euro ces dernières années. Myret Zaki fait la démonstration que la crise des dettes publiques résulte d’attaques concertées opérées par les plus grands opérateurs financiers Anglo-saxons contre les États les plus faibles (sous forme d’attaques spéculatives dont nous décrivions le principe cet été dans notre article sur la crise de la dette grecque).
La rédactrice en chef adjointe du magazine Bilan s’appuie notamment sur une rencontre (révélée par le Wall Street Journal) entre les 5 plus gros Hedge Funds et le financier George Soros – notoirement connu pour avoir fait plié la banque d’Angleterre dans les années 90 avec ses attaques spéculatives contre la Livre Sterling. Une rencontre qui a permis à tous ces acteurs de poids dans le monde de la finance de définir ensemble une stratégie à adopter pour amener les Européens à genoux. Il s’agit de spéculer contre les dettes publiques des états les plus faibles (Grèce, Portugal, Espagne…) pour mettre en difficulté la Zone Euro.
Loin de la théorie du complot – ce beau petit monde ne cherche pas à devenir maître du monde mais tout simplement à gagner de l’argent en utilisant les failles du système – Myret Zaki décrit avec passion, arguments et exemples comment l’Europe est en train de se faire « plumer » par la finance Anglo-saxonne faute de pouvoir s’organiser.
2/ « Nous sommes des électeurs et non des citoyens » (E. Chouard)
Dans un second temps, Étienne Chouard, professeur d’Économie-Gestion à Marseille et chercheur indépendant, vient étayer le propos en expliquant le mécanisme de la dette publique en France et en Europe. Il revient sur la loi de 1973 interdisant à la Banque de France de prêter directement à l’État comme cela été le cas auparavant, qui a ensuite été transposée au niveau Européen dans le traité de Maastricht (lire à ce sujet la mesure #5 de notre top 10 des mesures pour un plan anti-crise). Selon lui cette loi prive la nation du pouvoir de créer la monnaie et marque le début de l’explosion de l’endettement. Il traite les gouvernements successifs de « traîtres » pour avoir laissé la dette nationale exploser dans ces conditions.
Élevant ensuite le débat, il cherche la cause originelle de nos difficultés. Après avoir rapidement rappelé la nécessité de séparation des pouvoirs selon Montesquieu il assène que le problème vient du système représentatif. Avec le suffrage universelle nous élisons nos maîtres pour qu’ils décident de tout à notre place, ce qui fait de nos systèmes des simulacres de démocraties. Nous sommes des électeurs et non des citoyens. Dans toutes les démocraties occidentales, ce sont des parlementaires qui ont écrit les constitutions, ce qui ne lui parait pas être un hasard: ils se sont ainsi ménagés la part du lion dans l’exercice du pouvoir. Selon M. Chouard la solution réside dans la ré-introduction de tirage au sort dans notre démocratie comme cela a fonctionné à Athènes pendant 200 ans.
Enfin, la conférence se termine par des questions aux intervenants qui leurs permettent de préciser leurs points de vue, et d’évoquer avec l’assistance les différents moyens d’action.
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