Les éditorialistes sont des journalistes bien à part. Contrairement aux autres, qui sont tenus à la neutralité du fait de la déontologie de la profession, on attend des éditorialistes qu’ils donnent leur point de vue sur l’actualité. Ils n’ont donc pas vocation à être neutres. Il ne serait donc pas incongru qu’ils révèlent leur opinion politique afin que les lecteurs et téléspectateurs connaissent leur angle de vue pour aborder les sujets. C’est l’objet des derniers éditos de Thomas Guénolé – éditorialiste insoumis officiant sur Europe 1 – qui s’est livré à une petite analyse.
Il a d’abord commencé par demander à ses collègues de faire leur « coming out » politique. Arguant que c’est chose courante dans le monde anglo-saxon et que l’honnêteté exigerait que le public connaisse d' »où parlent » les éditorialistes, il a lancé un appel sur Europe 1 le 25 Septembre.
Aux Etats-Unis il est banal qu’un éditorialiste s’assume républicain, démocrate, libertarien, liberal, ou autre. De fait, ne pas assumer d’où l’on parle est considéré outre-Atlantique comme un manque d’honnêteté envers le public.
En l’absence de réponse clair de ses confrères, le journaliste insoumis s’est livré à une petite analyse (publiée lundi dans Marianne, sous le titre « Les éditorialistes des grands médias sont-ils massivement pro-Macron ? »). Il est d’abord parti du constat que la dernière élection présidentielle a révélé une opinion française divisée en quatre blocs politiques au poids quasi égal (avec entre 20 et 25% de l’électorat). Il propose donc de représenter les opinions politiques autour de deux axes:
- un axe horizontal sur les questions économiques, allant du protectionnisme au libre échange (qu’il appelle « mondialisation heureuse »)
- un axe vertical sur la question de l’attitude à adopter envers les minorités, allant de l’ouverture aux politiques répressives
Cette représentation graphique posée, il a ensuite essayé de positionner chacun de ses confrères dans l’échiquier politique en se basant sur les prises de position et les déclarations accumulées ces derniers temps et depuis le début de leur carrière.
En dépit d’une subjectivité évidente à se livrer à un tel exercice, le résultat obtenu est impressionnant de clarté et ne manque pas de constituer une grille de lecture intéressante pour qui cherche à savoir d’où parlent les leaders d’opinion.
Par ailleurs il révèle – sans surprise – un manque de pluralité évident des opinions représentées dans les médias dominants.