Les sondages passent et les résultats des enquêtes se ressemblent: il y a bien une montée en flèche des intentions de vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. Couplé à un tassement – sinon un recul – de Marine Le Pen et Emmanuel Macron, et la donne de l’élection est totalement changée. L’accès au second tour est finalement beaucoup plus ouvert qu’on ne le dit et plein de scénarios sont possibles. Il est clair que maintenant le « vote utile » ne tient plus et voici pourquoi il n’y a plus à hésiter à voter Mélenchon au premier tour.
1/ La spectaculaire remontée qui change tout
L’un des derniers sondages publié concernant l’élection présidentielle est l’enquête BVA pour la presse régionale et Orange (dispo ici , voir illustration ci-dessous).
Avec les « challengers » à 4 points des favoris, et compte tenu de la marge d’erreur sur ce type d’enquête, l’élection est donc beaucoup plus ouverte qu’on ne le dit. Fillon ou Mélenchon pourraient très bien créer la surprise.
Ces résultats condensés sur les quatre favoris on rendu le « vote utile » complètement inutile. Cette stratégie électorale qui voulait que l’on vote pour le candidat « le moins pire » dès le premier tour, afin d’éviter un choix cornélien au second tour est maintenant obsolète. Les sondages permettent cette fois à chaque électeur de voter en son âme et conscience sans risque de regret.
Et avouons-le, ce sondage aux résultats resserrés est ce qui a achevé de nous décider à voter Jean-Luc Mélenchon (après avoir envisagé, Hamon, Macron et le vote blanc). L’objet de ce billet est d’expliquer pourquoi.
2/ Le programme le plus détaillé, le plus cohérent
La première chose à noter est que JLM et les gens qui composent la France Insoumise (le mouvement qui porte sa candidature) ont travaillé leur programme comme personne. Cela fait un an qu’ils sont dessus et le mot d’ordre a toujours été le fond avant la forme. A lire ce programme on est surpris comme l’ensemble homogène, réfléchi et cohérent. On peut se rendre compte qu’il résulte d’un vrai diagnostic sur l’état de la société et d’un vrai projet. L’ensemble du programme est décortiqué en ligne sur le site de l’Avenir en Commun où chacun pourra se faire une idée, mais il n’y a aucun autre candidat qui ait fait cet effort là, à ce niveau de détail là.
A lire ce programme on est surpris comme l’ensemble homogène, réfléchi et cohérent.
Un autre élément qui peut aussi compter dans le choix, c’est le fait que Jean-Luc Mélenchon ait envoyé baller le Parti Communiste. On peut le voir à au moins 4 choses:
- L’idéologie révolutionnaire a été abandonné au profit de la promotion d’une révolution citoyenne – c’est à dire par les urnes – via le passage à une sixième république
- On oublie maintenant l’approche productiviste. Le programme est sans doute le plus écologiste de tous et il propose même la sortie du nucléaire.
- Le plan de relance de 100 Md€, axe majeur du programme économique, est un plan de relance par l’investissement et non pas par la consommation
- Il n’y a pas eu d’accord électoral aux législatives entre la France Insoumise et le PS, comme le souhaitait le PC
- etc etc…
Il veut renégocier les traités européens, sauf que lui il veut s’en donner les moyens.
Concernant le chiffrage du programme, sur lequel elle est aussi régulièrement mis en cause, l’équipe de la France Insoumise a organisé une émission en ligne de 5 heures pour détailler pour chaque point, son coût et son financement, en expliquant que les modèles économiques du FMI avaient été utilisés (vidéo intégrale dispo en ligne ici [5 hrs], en version résumée ici [20 min], et sous forme de fiche synthétique ici [2 min]). Lors de cette web-émission, afin d’éviter que n’importe quoi ne soit raconté, 4 journalistes ont été invités à commenter ce chiffrage et à poser leurs questions, dont certains connus pour être notoirement hostiles (Hedwige Chevrillon de BFM Business, Ghyslaine Ottenheimer du magazine Challenges et Marc Landré du Figaro). Encore une fois, aucun autre candidat de se soit livré à un tel « strip-tease » sur son catalogue de mesures.
3/ Un candidat qui bluffe tout le monde par sa connaissance des dossiers
Sur la politique étrangère – point du programme pas très convaincant au départ – JLM a une vision issus d’un double héritage:
- d’abord le côté internationaliste qui l’incite à ne pas voir le monde dans une logique manichéenne (méchants vs. gentils) et à chercher systématiquement la paix
- de l’autre la conception Gaullienne du monde (place centrale de la France, méfiance envers les USA, sortie de l’OTAN, dialogue avec la Russie et la Chine etc…)
Sur le sujet de la politique de défense, la sécurité et la géopolitique, Mélenchon a été bluffant lors de sa conférence à l’IRIS (résumée dans cet article de Libé). Au milieu des géopolitologues et des militaires il a étonné par sa connaissance pointues de tous les dossiers internationaux et déclenché régulièrement les applaudissements (alors qu’à la base Mélenchon n’est pas trop le genre de l’audience).
Dans le même genre d’exercice, où il a été impressionnant, il a répondu à l’invitation des Mardis de l’ESSEC (video ici), école privée d’économie localisée à la Défense… Il faut le voir captiver les étudiants qui n’ont à la base rien de révolutionnaires…
Pour conclure, on peut reprendre sa dernière phrase lors du débat sur BFM TV/CNews et qui en un sens résume tout:
« Il faut d’abord en finir avec l’argent roi car c’est lui qui divise les êtres humains et épuise la nature. »
13 réponses à Percée de Jean-Luc Mélenchon: il n’y a plus de vote utile qui tienne