En Mai 2007, Nicolas Sarkozy emporte l’élection présidentielle avec 53% des voix face à Ségolène Royal. Il a alors transformé l’UMP en une solide machine à gagner qui lui avait permis d’envisager l’élection sans trop trembler.
Municipales, européennes, régionales puis dernièrement cantonales, il y a eu une élection par an depuis le triomphe. Mais à mesure que la popularité du chef de l’État baisse dans l’opinion, et que le pays s’enfonce dans la crise économique, la majorité présidentielle s’effrite. Au point aujourd’hui d’être créditée par les sondages d’une absence au second tour en 2012. Rétro sur une chute progressive qui ne semble pas vouloir s’arrêter.
1- Les municipales de 2008
Pour les municipales de 2008, le Parti Socialiste conclut une alliance nationale avec le PCF, le PRG et les Verts. pour faire face à la majorité présidentielle. Une stratégie qui s’avère gagnante à l’aune de la « vague rose » que cette élection déclenche.
Alors qu’avant l’élection la gauche gère une minorité de villes Françaises, non seulement elle recueille les suffrages de reconduction lui permettant de conserver la plupart de ses villes en gestion, mais elle conquiert aussi de nombreuses cités de droite. Et la tendance est encore plus marquée sur les villes de plus de 100 000 habitants dont le PS va diriger les trois quarts au sortir de l’élection.
La défaite de la Droite au pouvoir est d’autant plus cuisante, que les Français semble très largement satisfaits de la gestion des villes effectuée par l’opposition.
Pour parachever le tout, ce revers de l’UMP aux municipales se traduit aussi au niveau des intercommunalités, puisque la Gauche hérite logiquement de la gestion de la plupart des communautés de commune. On notera le cas particulier de Marseille où en dépit d’une majorité de Droite la communauté de communes revient au socialiste Jean-Noël Guérini au nez et à la barbe de Renaud Muselier. Pour l’UMP les municipales de 2008 sont un échec total.
2 – Les européennes de 2009
En 2009, on vote pour les Européennes. Alors que la Droite obtient la majorité relative des sièges (29 sur 72), on remarque la une forte abstention (59%) et la percée d’Europe Écologie. Un parti qui semble taillé pour la dimension Européenne, au contraire d’un PS qui chute en comparaison du scrutin de 2004.
On notera tout de même que socialistes et écologistes représentent un tiers des voix. Une proportion que l’on retrouvera dans les élections suivantes avec un jeu de vases communicants. Le Modem est en chute libre par rapport à la présidentielle. Une parties des électeurs est probablement venu gonfler les rangs écologistes, une autre retourné vers l’UMP compensant ainsi l’érosion dont le parti présidentiel commence à faire l’objet. Le score de 29% de l’UMP est donc un peu en trompe l’œil, la Droite disposant de beaucoup moins de « réserve de voix » (pour parler dans une logique de présidentielle). Mais la majorité ne s’inquiète pas non plus outre mesure : la popularité du président est encore élevée.
Seulement les Français commencent tout juste à ressentir les effets de la crise financière, et l’on peut déjà constater que l’ancienne « gauche plurielle » récolte 50% des voix. On est loin des ratios de 2007 ! Et pour l’UMP ce n’est que le début…
3 – Les régionales de 2010
Il suffit de jeter un œil à la carte de France au sortir des régionales de l’an dernier pour comprendre le problème de la Droite : elle ne dirige plus que l’Alsace en métropole ! La Corse ayant basculée, la tendance à voir la Gauche diriger les régions s’est accentuée. C’est un raz-de-marée rose !
On remarque déjà la montée du Front National qui se voit gratifié de 11% des suffrages. Il enregistre le retour d’une partie de ses électeurs qui s’étaient vu « dragués » par Nicolas Sarkozy en 2007. Mais le président ne fait plus recette auprès de l’Extrême Droite.
Sur le reste de la population non plus: il atteint des records d’impopularité dont son camp politique semble pâtir de plus en plus.
Certes l’abstention est de nouveau élevée (53%), mais la tendance remarquée l’année précédente se confirme et même s’intensifie: la gauche parlementaire récolte cette fois 54% des suffrages (avec un bloc socialistes/écologistes à 42%).
4 – Les cantonales de 2011
Les résultats d’élections cantonales sont toujours difficiles à analyser sur le plan national. Ces élections sont traditionnellement très diversifiées avec de nombreux candidats régionalistes ou sans étiquette. Mais c’est à l’échelon départemental – et notamment rural – que la Droite fait ordinairement recette.
La forte tendance à la désagrégation du parti présidentiel observée les années précédentes se poursuit : alors que la gauche obtient autour de 50% des suffrages, la Droite parlementaire atteint tout juste les 30%.
On notera le nombre croissant de candidats (9%) se présentant sous l’étiquette « divers droite » pour ne pas être associé à Nicolas Sarkozy et subir son faible taux de popularité. De son coté le Front National – que l’on commence à annoncer au second tour de la présidentielle de 2012 – poursuit sa percée. Il apparait désormais claire qu’après avoir été vampirisé par l’UMP en 2007 il recueille au contraire maintenant de nombreux déçus du sarkozysme. L’abstention, elle, est toujours au plus haut à 55%.
Il apparait désormais claire que l’électorat UMP s’effrite d’élection en élection depuis 4 ans. Le parti de droite est desservi par un président impopulaire dont la stratégie et la façon de gouverner est contestée jusqu’à son propre camp. Accentué par la crise économique la tendance parait durable. Et si la Droite veut éviter la débâcle annoncée pour 2012 elle se doit de réagir.
Une autre chose est sûre, l’UMP ne parvient plus à capter les voix du Front National. Et ce n’est pas la tentative désespérée d’organiser un débat sur l’islam (ou la laïcité) qui y changera quoique soit : lors des dernières cantonales un comportement relativement nouveau a été observé chez les électeurs FN. Si leur candidat n’était pas maintenu au second tour ils ont préféré voter PS – voire Verts – plutôt qu’UMP au second tour. Un profond dégoût pour la Droite au pouvoir, ou la logique du « tout sauf Sarko » poussée à l’extrême… Ce genre de réflexe au second tour de la présidentielle pourrait se révéler une catastrophe pour l’UMP.
Alors après l’avoir fait gagner pendant des années Sarkozy fait-il maintenant perdre la Droite ? La Droite doit-t-elle s’unir dès le premier tour en 2012 (stratégie qui l’avait permis de l’emporter haut-la-main en 2007) ? Quelque soient les réponses à ces questions, le président et l’UMP n’ont pas de temps à perdre à tout juste un an de la présidentielle. Mais avec les récentes cacophonies (comme celle sur les consignes de vote ou le débat sur la laïcité) la « machine à perdre » semble avoir changé de camp. Et la Gauche a cette fois de l’avance…
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