« Nous proposons que le savoir faire – qui est reconnu dans le monde entier – de nos forces de sécurité permettent de régler des situations sécuritaires de ce type. C’est la raison pour laquelle nous proposons, effectivement aux deux pays [NDLR : la Tunisie et l’Algérie] de permettre, dans le cadre de nos coopérations, d’agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité«
(Michèle Alliot-Marie, mercredi 11 Janvier 2011 à l’Assemblée Nationale, source Nouvel Obs)
Michèle Alliot-Marie regrette sans doute amèrement ses propos tenus la semaine dernière à l’assemblée Nationale. Et avec elle probablement tout son camp politique. Alors que les manifestations qui dégénèrent font la une de l’actualité au Maghreb, notre ministre des Affaires Étrangères n’a rien trouvé de mieux que de faire la promotion des forces de sécurité Françaises, déclenchant la polémique et rappelant par là même l’attitude plus qu’ambigüe de la France envers le régime de Ben Ali. La France a condamné du bout des lèvres la répression, tout en maintenant son soutien au président Ben Ali. Complaisant envers l’autocrate Tunisien, le gouvernement Français ne s’est guère préoccupé ces derniers temps des Droits de l’Homme ou de la liberté d’expression de son ancienne colonie. Ces déclarations de MAM sont le reflet de deux décennies de Françafrique et d’ingérence dans les affaires Tunisiennes.
« On ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons » disait mercredi Alliot-Marie. La même MAM à qui les mots manquaient pour qualifier Laurent Gbagbo de tyran, il y a tout juste quelques semaines. Gbagbo dictateur, mais pas une seule déclaration à propos de Ben Ali dont les exactions sont pourtant avérées et dénoncées depuis des années par les ONG… Comme nous le rappelions à l’occasion de notre article sur la situation en Côte d’Ivoire on oublie que le rôle du Quai d’Orsay n’est pas de servir les intérêts des peuples Tunisien ou Ivoirien, mais bien ceux de la France. La démocratie et les Droits de l’Homme ne sont qu’un prétexte au service des intérêts économiques et géopolitiques français. Le reste passe au second plan.
Et le retour de veste français – qui a dit suspect ? – de ce week-end, (au moment du départ de Ben Ali) ne fait qu’obéir à cette logique : ne pas compromettre les intérêts Français en Tunisie. Même si cela implique qu’on ne sache pas trop sur quel pied danser, sait-on jamais, si Ben Ali revenait… D’ailleurs Rachida Dati s’est empressée de rappeler lundi que “Ben Ali avait joué un grand rôle dans la coopération et la lutte contre le terrorisme. » et que « c’était aussi pour protéger les Européens”, comme pour mieux justifier les propos de MAM alors qu’au final ça ne fait que la mettre un peu plus dans l’embarras (source BFM TV).
Les petites phrases de Dati c’était pour enfoncer le clou : des fois que nous n’ayons pas compris que la France (et avec elle sans doute tout l’Occident) soutenait Ben Ali contre l’islamisme radical. Et ce en dépit des souffrances que le régime imposait au peuple tunisien. Avec ces deux déclarations les masques tombent. Et cela inspire le même commentaire que pour la Côte d’Ivoire, il serait peut être temps que la France arrête le jouer avec le feu en Afrique…
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