Ça n’en finit pas ! Après les révélations sur les vacances de Michèle Alliot-Marie en Tunisie – au cours desquelles elle a voyagé plusieurs fois à bord du jet privé d’un proche de Ben Ali en pleine révolution de jasmin – voici maintenant que le Canard persiste avec les vacances de François Fillon en Égypte : le premier ministre a utilisé à titre privé le jet mis à disposition par Hosni Mubarak en personne ! La couleuvre commence maintenant à être dure à avaler et tout cela soulève bien des questions.
Décidément il fait bon être ministre de la République française ! Cela donne droit à des vacances aux frais des grands dictateurs de ce monde ! Comment nos représentants peuvent-ils se laisser aller à ce point ? Il serait grand temps de revenir à un minimum d’intégrité républicaine, qui reste le devoir de chaque politique.
Le problème aujourd’hui c’est surtout que cette succession de révélations met le doigt sur ce qu’il convient d’appeler une habitude de nos ministres. Il y a un moment où l’on ne peut plus croire au hasard et aux coïncidences. Ces affaires concernent le ministre des Affaires Étrangères et le Premier ministre. Soit les deux personnes, après le président de la République, qui ont le plus fort pouvoir décisionnaire concernant les relations de la France avec leur pays hôte. En organisant les vacances de MAM et de Fillon, ne s’agissait-il pas pour Ben Ali et Mubarak – directement ou indirectement – de s’assurer du soutien d’un allier de toujours ? N’était-ce pas un moyen pour ces hommes controversés de valider l’appui logistique et sécuritaire de la France dans des moments qui s’annonçaient (voire qui étaient déjà) difficiles ? Une aide que MAM n’a guère attendu de proposer alors que le peuple tunisien était dans la rue (voir notre article à ce sujet). Sans le tollé que ses propos ont générés et l’acharnement du peuple tunisien, n’aurait-il pas s’agit d’un bon retour sur investissement pour le pouvoir de Ben Ali ?
Il est difficile de croire que les dirigeants tunisien et égyptien n’étaient pas au courant des troubles montants dans leur pays au moment des vacances de nos ministres. Quoiqu’il en soit cette pratique de séduction (pour ne pas dire un autre mot) sous forme de séjours « all inclusive » constitue une honteuse façon pour nos ministres de concevoir leur fonction de représentant du peuple. Seraient-ils naïfs au point de croire que l’octroi de faveurs « en toute bonne foi » venant de dictateurs se ferait sans contre-partie ? Nos ministres n’ont-ils pas le devoir de réserve, en général et en particulier, quand ils sont en charge des relations extérieures ou second du gouvernement ? Comme le rappelle Rue89, Tony Blair avait eu à rendre des comptes en 2002 pour une affaire semblable. Il n’y a donc pas qu’en France que ces comportements complaisants et irresponsables soulèvent l’indignation des citoyens.
Nous devrions peut-être aussi nous intéresser aux lieux de villégiatures de nos autres ministres, cela nous donnerait une bonne indication sur les futurs lieux de révolution… Qui est allé en Jordanie ? En Biélorussie ? Au Maroc ? Certains sont peut être même allés faire des safaris en Côte d’Ivoire ou une thalassothérapie en Corée du Nord… qui sait ? (sic)
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